Musée du Débarquement de Utah Beach, Mémorial de Falaise, Mémorial de Caen : entre Devoir de Mémoire et transmission intergénérationnelle, les élèves de 3ème du Collège Jules Verne ont accompli un périple dont ils se souviendront longtemps…
Mercredi 3 mai. D-Day, Jour J pour 20 collégiens de Jules Verne, Grande-Synthe. Les bagages sont en soute. Le chauffeur, Fred, a paufiné sa feuille de route. Les membres de l’Union Nationale des Combattants de Grande-Synthe, Parick à sa tête, sont à pied d’oeuvre. Les renforts : Yves le photographe, Catherine Guilbert et Akim Toualbia du service Vie Associative, Pauline Fauvet comique troupier, Céline Preux capitaine, Marjorie Tricot adjudant. Les mères versent quelques larmes sur le quai. On agite des mouchoirs et on part, la fleur au fusil pour 3 journées inoubliables en Normandie.
14h30. Arrivée sur la plage d‘Utah Beach. Vent moyen. Houle. La doudoune n’est pas de trop. On les imagine, là, il y a 79 ans, ces jeunes Américains, Anglais et Canadiens, sautant dans l’eau glacée, après plusieurs heures de voyage puis d’attente en mer. Froid, peur, nausée. Et puis c’est le moment d’y aller. 6H30, 6 juin 1944, D-Day. Des milliers de jeunes soldats de l’au-delà des mers viennent risquer leur vie pour sauver les nôtres… Christine Maréchal de l’UNC, ancienne institutrice de l’école Jean Moulin à Grande-Synthe, rappelle les conditions effroyables dans lesquelles le Débarquement a eu lieu… Transmission. Devoir de Mémoire. Et puis, la visite du Mémorial précise tout : le Mur de l’Atlantique, les bombardiers, les cartes de l’Etat Major, les photos, une barge, les témoignages des survivants, Utah, Omaha, Juno, Gold, Sword, les 5 plages du Débarquement… Et la suite des combats pour repousser l’occupant… Jusqu’à l’arrivée des blindés du Général Leclerc à Paris… Il y en a un autre dont l’arrivée crée la surprise : le Maire de Grande Synthe, Martial Beyaert, qui a souhaité passer ce moment commémoratif et convivial avec les jeunes. Selfies, photos souvenirs. On est heureux, on est plein de gratitude…
Mme Fauvet range sa casquette militaire et nous reprenons la route pour notre campement : Hôtel Crocus, Caen. La classe. Les chambrées sont investies par des collégiens fatigués, déjà, par cette première journée de voyage et d’émotions. Rondes de nuit. Tout s’apaise. Le bruit des bottes et des bombes s’estompe dans un sommeil réparateur.
Les élèves de 3ème du Collège Jules Verne. Caen. 3-5 mai 2023
Jour 2. Sonnerie du clairon. Lever des couleurs. Petit déjeuner. Et on se remet en route. Pour Falaise cette fois. Le Mémorial. La Guerre des Civils. Hitler. Pétain. Première fête des mères. Cartes de rationnement. Radio Londres. Bombardements. Villes détruites. Civils blessés. Cris d’enfants. Poupée abandonnée. La mort à la porte de la maison… On ne peut s’empêcher d’évoquer les conflits d’aujourd’hui… Ukraine, Soudan… L’éternel recommencement de l’horreur… Ce qui touche le plus les collégiens : l‘expérience immersive dans une maison de Falaise pendant un bombardement. Le cœur cogne dans la poitrine. Paroles de survivants, des gosses dans la guerre, qui perdent un petit frère, une maman, mais jamais l’espoir. Les Alliés sont là. Ils vont nous libérer…
A la sortie du musée, Christine remet sa casquette d’institutrice et de guide pour nous montrer le château de Guillaume le Conquérant. Un peu d’Histoire médiévale cette fois. On fait feu de tout bois ; et puis le Couronnement de Charles III c’est pour bientôt… Cours d’Histoire et Devoir de Mémoire. Toujours.
Les civils dans la guerre, Mémorial de Falaise (source : Rez-de-chaussée du musée : une salle immersive avec un film unique (memorial-falaise.fr)
Autre lieu de Mémoire. Autre expérience. Le Mémorial de Caen.
Plan large cette fois : des origines de la Seconde Guerre Mondiale à la Guerre froide. Un cours d’histoire grandeur nature, en sons et en images, en témoignages. Les élèves de 3ème du collège Jules Verne se montrent, comme tout au long du séjour d’ailleurs, autonomes, respectueux et responsables : par petits groupes, ils visitent les différentes salles, leur audio guide à la main.
On se retrouve tous et on s’arrête devant un pan de mur. Criblé de balles. Se découpe la silhouette d’un Résistant abattu… Alors Christine leur parle de la Résistance en France. Jean Moulin. Germaine Tillion, l’Abbé Bompain. Marjorie Tricot en profite pour rappeler les lettres des enfants d’Izieu, Klaus Barbie, les derniers mots émouvants de la lettre de Michel Manouchian à son épouse, repris par Aragon, « Ils étaient vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », l’Affiche Rouge, les cours de français en écho aux cours d’histoire prennent soudain vie dans ce coin du Mémorial de Caen…
Image d’archive du Débarquement, Mémorial de Caen (source : Le Débarquement · Mémorial de Caen (memorial-caen.fr)
Jour 3. Le périple se termine. On repasse le Pont de Normandie, Rouen, la « ville aux cent clochers ». Les images du Pianiste de Roman Polanski défilent sur les écrans de l’autobus. La Seconde Guerre mondiale jusqu’au bout… Jusqu’au retour parmi les siens, pour raconter ce voyage au cœur de l’Histoire et des émotions.
Merci à la Ville de Grande-Synthe, Catherine, Akim, Patrick, Daniel, Christine, Yves de nous avoir offert ce beau cadeau, entre Devoir de Mémoire et échanges intergénérationnels autour de notre histoire…
« Ce bruit de bottes… Cela passera. L’occupation finira. Ce sera la paix, la paix bénie. La guerre et le désastre de 1940 ne seront plus qu’un souvenir, une page d’histoire, des noms de batailles et de traités que les écoliers ânonneront dans les lycées, mais moi, aussi longtemps que je vivrai, je me rappellerai ce bruit sourd et régulier des bottes martelant le plancher. » Irène Némirovsky, Suite française